Chapitre 2
Je finis par cesser de brailler. Andy m’avait tenu la main pendant tout ce temps, sans bouger ni parler. J’aurais pu me servir de cette main pour essuyer mes larmes mais je n’avais pas plus envie que lui de rompre le contact.
Reniflant comme un bébé, je fis de mon mieux pour me reprendre et croisai de nouveau son regard.
— Comment ça va, grand frère ? demandai-je.
Il réussit à m’adresser un faible sourire.
— Mieux qu’il y a une demi-heure environ, dit-il, d’une voix à peine plus élevée qu’un murmure.
Il ferma les yeux un instant et l’angoisse me poignarda.
— Andy ?
Il rouvrit les yeux et, pour la première fois, je remarquai l’expression hantée de son regard. Il ne prononça pas un mot et je ne savais quoi dire.
Je n’avais pas parlé à Andy, le véritable Andy, depuis dix ans. La dernière fois que nous avions discuté, je lui avais fait très clairement savoir à quel point je le détestais de s’être porté volontaire pour devenir l’hôte d’un démon. Pendant des années, c’était ce que j’avais cru. Il avait fallu qu’Adam lui tire dessus pour que je comprenne que je ne pensais pas ce que je lui avais dit alors.
Le souvenir de cet horrible moment fit ressurgir quelques problèmes que j’aurais préféré laisser de côté. Comme l’explication totalement fictive que nous avions donnée aux policiers concernant ce qui était arrivé à Andy. Mon Dieu, j’espérais qu’il confirmerait cette histoire, même si elle peignait son démon, Raphael, sous le plus mauvais jour.
Que savait-il vraiment ? J’avais comme l’impression que Raphael avait pris l’habitude de bloquer Andy afin qu’il n’ait pas accès aux secrets d’État. Est-ce qu’Andy se rappelait quoi que ce soit de la confrontation qui l’avait conduit à une mort temporaire ? Peut-être pas. Peut-être que tout ce qu’il savait, c’était l’histoire officielle, qu’il avait sûrement entendue de nombreuses fois au cours de son séjour à l’hôpital.
Mais je ne souhaitais pas aborder ce sujet tout de suite. Je ne savais peut-être pas quoi dire à mon frère après ces dix années d’absence dans ma vie, mais une chose était certaine, je n’allais pas lui balancer tous ces problèmes sous prétexte de surmonter mon embarras. Du moins, pas encore.
— Merci pour tes visites, dit Andy d’une voix faible et mal en point. Je savais que tu étais là, même si je ne pouvais pas parler.
Je serrai sa main un peu plus fort.
— Eh, malgré nos différences, tu es toujours mon grand frère.
Il sourit sans que ce sourire atteigne son regard.
— Tu as dit à Raphael que tu me considérais comme mort.
Je fis la grimace et détournai les yeux.
— Je sais.
Au souvenir d’autres propos tenus à Raphael, je me sentis rongée par la culpabilité. J’avais été très, très dure vis-à-vis d’Andy.
— Ça va, m’assura-t-il. Raphael était un vrai salopard et c’est moi qui l’ai fait entrer dans ta vie.
Je relevai la tête, surprise de l’amertume qui transparaissait dans sa voix. Dominic était le seul autre hôte que je connaissais à avoir perdu son démon. Il avait été tellement attaché à ce dernier que je m’étais attendue à ce qu’Andy réagisse de la même manière que lui. Même s’il m’était difficile d’imaginer qu’on puisse s’attacher à Raphael.
— Alors tu n’es pas triste qu’il soit parti ? demandai-je.
Il frissonna.
— Non. Adam ma rendu un fier service en m’aidant à me débarrasser de lui.
Eh bien, voilà qui répondait à ma question : il savait ce qui s’était réellement passé.
Les mâchoires serrées, il lâcha ma main avant de changer de position en grimaçant.
— Mon Dieu, je me sens aussi faible qu’un nouveau-né mais je suis prêt à laisser tomber la couche. Tu peux avertir les infirmières que je suis de retour ?
Je ne voulais pas quitter son chevet, surtout avec toutes les questions et les regrets qui grouillaient en moi, mais je savais qu’à sa place, j’aurais été pressée de retrouver ma dignité. Je voulais le prendre dans mes bras, ou l’embrasser, ou même ébouriffer ses cheveux mais son langage corporel n’incitait pas à ces marques d’affection.
— Je reviens tout de suite, lui dis-je en avalant la boule dans ma gorge.
Il hocha à peine la tête sans me regarder. Je ne savais s’il était en colère après moi, ou après Raphael, ou bien après Lugh, ou simplement après la situation en général. Mais nous avions le temps d’en parler plus tard.
Les genoux un peu vacillants, je me rendis dans le bureau des infirmières pour leur annoncer la bonne nouvelle. L’air sincèrement ravi, une infirmière et une fille de salle se précipitèrent dans la chambre de mon frère après m’avoir demandé de ne pas bouger pendant qu’elles feraient la toilette d’Andy et l’habilleraient.
— Bon, me dit une autre infirmière en poussant un téléphone vers moi. Je vous laisse annoncer la bonne nouvelle à vos parents.
Je fis une drôle de tête. Je ne voulais pas parler à mes parents en temps ordinaire et, après ce que j’avais appris cet après-midi-là, j’en avais encore moins envie. Pourtant, cela me demanderait plus d’énergie que j’en avais pour convaincre l’infirmière de reprendre son téléphone. Aussi je serrai les dents et passai le coup de fil.
Naturellement, ma mère fut transportée de joie et je me doutai que mon père et elle seraient à l’hôpital aussi vite qu’il était humainement possible. J’aurais donné n’importe quoi pour me tirer de là avant leur grande arrivée, mais je ne pouvais pas abandonner Andy comme ça. Pas après une aussi longue absence.
Je m’assis dans la déprimante salle d’attente en m’efforçant de ne pas me mâchonner la lèvre jusqu’au sang. Finalement l’infirmière revint.
— Vous pouvez retourner dans sa chambre, maintenant, m’informa-t-elle, rayonnante.
J’essayai de lui rendre son sourire.
Ne vous détrompez pas : j’étais ravie qu’Andy se soit réveillé. Mais j’étais moi-même tellement bouleversée que je ne parvenais pas à éprouver l’excitation grisante que j’aurais crue de circonstance. Andy et moi nous étions brouillés, depuis qu’il s’était rendu à la cérémonie qui avait fait entrer Raphael dans la Plaine des mortels. Il avait été ensuite en état de sommeil dans son propre corps pendant dix longues années. L’homme qui m’attendait dans cette chambre était un étranger.
Je restai sur le seuil pendant un moment, luttant contre une impulsion lâche qui me criait de fuir. Finalement, je pris une profonde inspiration, poussai la porte et entrai.
Habillé d’un jean et d’un tee-shirt noir qui pendait sur son corps hâve, Andy était assis dans un fauteuil roulant, les yeux rivés sur ses mains serrées sur ses genoux. Il ne sembla pas remarquer ma présence.
— Andy ? demandai-je avec hésitation. Ça va ?
Il cligna des yeux et leva le visage vers moi.
— Ouais. Ça va. (Il tenta en vain de sourire.) Apparemment, il va me falloir du temps pour recouvrer toutes mes forces. (Sa voix était toujours faible et râpeuse mais il est vrai que ses cordes vocales avaient manqué d’entraînement.) Je n’ai pu me tenir debout que le temps qu’elles m’enfilent mon slip.
Je me mordis la lèvre.
— Je suis désolée.
Il haussa les sourcils.
— Pourquoi ?
Je soupirai.
— Pour tout ?
Il éclata brièvement de rire.
— Cela couvre certainement toutes les bases.
Le silence embarrassé menaçait de se réinstaller et je m’empressai de le combler.
— Maman et papa arrivent.
À ma surprise, il fit la grimace. Mes parents et lui s’étaient toujours entendus comme larrons en foire, lui qui était considéré comme l’enfant prodige et tout le tremblement.
Remarquant ma surprise, il secoua la tête.
— Ils vont s’attendre que je disculpe Raphael et, de toute évidence, c’est quelque chose que je ne peux pas faire.
D’après ce que tout le monde, excepté moi, Adam et Dominic, savait, Raphael était devenu un démon criminel en kidnappant et en torturant mon petit ami pour me punir du différend qui nous opposait. Mes parents avaient toujours refusé de croire à cette version. Ils aimaient Raphael comme s’il était leur véritable fils, et pas Andy.
— De quoi tu te souviens ? demandai-je.
Il ferma les yeux.
— De ce que Raphael a voulu que je me souvienne. Il s’est assuré que je connaisse la ligne du parti avant de me quitter. Juste au cas où je redeviendrais un être humain en état de fonctionnement. (Il soupira.) Combien tu paries que maman et papa vont essayer de me convaincre qu’il y a eu une sorte de malentendu ?
Je fronçai les sourcils.
— Je sais qu’ils ne vont pas être contents, mais une fois que tu leur auras confirmé cette histoire, ils seront bien obligés d’y croire.
Il ricana.
— Tu sous-estimes leur capacité de déni. Ils ne me contrediront peut-être pas mais je doute qu’ils me croient vraiment.
Bien sûr, puisque cette histoire était fausse, il était difficile d’en vouloir à mes parents de ne pas la croire. Mais je n’avais pas de souci à me faire, j’avais bien d’autres raisons de leur en vouloir.
J’avais envie de demander à Andy s’il savait quoi que ce soit au sujet de mon vrai père et des circonstances de ma naissance, mais il était trop tôt pour de telles questions. Je devais lui donner le temps de coopérer, de se réadapter à une vie d’être humain indépendant. J’attendrais le lendemain.
Je luttais de nouveau avec l’envie de m’enfuir quand je perçus le babillage surexcité des voix de mes parents et compris qu’il était trop tard.
— Tu veux te cacher dans le cabinet de toilette jusqu’à leur départ ? me demanda Andy.
Pour la première fois depuis son réveil, je remarquai une étincelle de vie et d’humour dans ses yeux.
C’est triste à dire, mais son offre me tenta. Je rassemblai toute la maturité dont j’étais capable et ne bougeai pas.
Ma mère passa la porte en premier. C’est le genre de femme qui ne met pas un pied dehors sans s’être auparavant méticuleusement peint le visage pour cacher la moindre imperfection ou ride ou s’être vaporisé les cheveux de laque au point qu’ils puissent résister à une tempête. Elle manie le fer à repasser avec un zèle fanatique. Même quand elle porte du lin, il est rare de déceler un pli sur ses vêtements.
Ce soir-là ne faisait pas exception, bien que je n’aie aucune idée de la manière dont elle était parvenue à avoir l’air aussi parfaite alors qu’elle avait de toute évidence quitté la maison en urgence. Peut-être était-elle vraiment un mannequin possédé par le démon ? D’accord, ce n’est pas très charitable de ma part. Et alors ?
Quand elle vit Andy, elle porta les mains à sa bouche en étouffant un sanglot, les yeux emplis de larmes. Puis, passant devant moi sans même un regard, elle tendit la main vers mon frère. Andy prit la main tendue en se forçant à sourire. Ma mère était incapable de parler au travers de ses pleurs silencieux, et je lui en fus reconnaissante.
Mon père n’aurait pas reconnu une émotion tendre même si celle-ci lui avait mordu le cul. Il passa le seuil et m’adressa un bref hochement de tête, puis il s’avança vers le fauteuil roulant d’Andy comme si le fait de retrouver un fils après une longue catatonie arrivait tous les jours. Remarquerait-on seulement mon absence si je décidais de filer par la porte ?
— Comment te sens-tu, mon fils ? demanda mon père.
— Beaucoup mieux, répondit Andy.
Il essaya de dégager sa main de l’emprise de ma mère, mais elle ne le lâchait pas.
— Nous sommes tellement heureux de te retrouver, dit ma mère d’une voix tremblante. Maintenant tu peux nous dire ce qui s’est vraiment passé la nuit où on t’a tiré dessus.
J’échangeai un regard avec mon frère. Vous l’avez compris, il n’y a pas beaucoup d’amour entre ma mère et moi. Pourtant, j’eus du mal à croire qu’elle pouvait être aussi insensible. Ma bouche se mit sur pilote automatique.
— Tu n’as pas parlé au vrai Andy pendant dix ans. Il est en état de catatonie depuis des semaines, et la première chose dont tu te réjouis, c’est qu’il puisse vous dire que R…
Je me tus avant que le nom de Raphael passe mes lèvres. Les démons adoptent le nom de leur hôte quand ils traversent la Plaine des mortels et ils divulguent rarement leur vrai nom. Il était fort probable que mes parents ne connaissent pas le nom du démon qui avait possédé Andy et nous ne nous porterions que mieux si cela restait ainsi. « Raphael » n’était probablement pas son Nom véritable mais il existait sûrement d’autres personnes qui savaient que c’était le nom du frère du roi.
Je m’éclaircis la voix en essayant de camoufler ce dérapage sous une toux.
— En espérant qu’il puisse vous dire que son démon n’est pas le salaud que tout le monde affirme qu’il est ?
Le dos de ma mère se raidit et mon père m’adressa un regard furieux.
— Morgane, dit-il, si tu n’as rien de plus gentil à dire, je te suggère de te taire.
Quel âge j’avais ? Cinq ans ? Je me hérissai encore plus.
— Je pourrais vous répondre la même chose ! Êtes-vous au moins contents qu’Andy soit revenu ou bien ce foutu démon est-il la seule chose qui vous intéresse ?
Le regard de mon père se fit encore plus glacial.
— Surveille ton langage.
Incroyable ! J’avais toujours pensé qu’Andy était leur enfant préféré. Je savais que c’était parce qu’il avait accepté d’être l’hôte d’un démon mais je n’avais pas compris jusqu’alors à quel point ils se souciaient peu de lui en tant que vraie personne.
— Ne vous disputez pas, s’il vous plaît, dit faiblement Andy. Je n’ai pas la force de le supporter.
Je me sentis aussitôt mal à l’aise. Ouais, ma mère était une conne insensible, mais je devais être capable de me contrôler et de garder mon opinion pour moi quelques minutes le temps que mes parents et Andy se retrouvent.
— Désolée, marmonnai-je.
Je m’excusais auprès d’Andy, mais mes parents semblèrent penser que ces excuses les concernaient eux aussi et je ne vis aucune raison de les décevoir. Mon père se détourna sans un mot et ma mère ne m’avait même pas prêté attention.
— Bien sûr que nous sommes heureux de te retrouver, assura ma mère à Andy. Je ne peux imaginer quelles semaines tu viens de passer.
Elle renifla délicatement et Andy se força de nouveau à sourire.
— Ça été dur, admit-il, mais c’est fini.
Lâchant enfin la main de son fils, ma mère tira une chaise et mon père vint se poster derrière elle comme une sorte de garde du corps. Il devait bien ressentir quelque chose – autre chose que le dégoût que je lui inspirais, bien entendu – mais il était difficile de le deviner en le regardant. Il est de ces hommes supertendus qui pensent qu’exprimer ses émotions est un truc de filles. Je doute qu’aucune larme ait osé couler de ses yeux depuis des temps remontant avant sa puberté.
— Alors, raconte-nous ce qui s’est passé, demanda ma mère en se penchant légèrement sur sa chaise.
J’échangeai un autre regard avec mon frère mais, cette fois, je parvins à me mordre la langue pour le laisser parler. Il secoua la tête puis affronta le regard de ma mère.
— Je suis vraiment désolé, maman, mais j’ai peur que tu connaisses déjà la vérité. Mon démon est devenu un criminel et je n’ai rien pu faire pour l’arrêter.
Je le vis frémir et ma mère se recula sur sa chaise, frappée de stupeur.
— Comment est-ce possible ? murmura-t-elle, les yeux écarquillés et incrédules.
Andy haussa les épaules.
— Tous les démons ne se ressemblent pas. J’ai juste tiré le mauvais numéro.
Ma mère resta silencieuse mais n’importe qui doté de la moitié d’un cerveau pouvait voir qu’elle n’était pas convaincue. Je ne la comprends vraiment pas. Elle doit bien savoir qu’il existe de mauvais démons ici-bas. Même au travers des verres les plus épais et les plus roses qui soient, elle a bien dû lire des choses au sujet des démons criminels (ceux qui commettent des crimes violents) et des démons illégaux (ceux qui possèdent des hôtes non consentants). Pourquoi lui était-il impossible d’imaginer qu’Andy ait pu se retrouver à la colle avec l’un d’eux ?
— Eh bien, dit mon père sur un air de joie feinte, même si c’est le cas, je suis sûr que ça se passera mieux la prochaine fois.
La mâchoire m’en tomba et j’eus l’impression de recevoir un coup de poing dans le ventre.
J’aurais dû me douter que mes parents voudraient qu’il soit de nouveau un hôte. Bon sang, ils avaient même sûrement espéré pouvoir invoquer un autre démon pour le posséder pendant qu’il se trouvait en état de catatonie. Pourtant, s’il avait signé les documents de consentement pour sa première expérience, il lui faudrait tout recommencer s’il désirait héberger un autre démon.
Je venais juste de récupérer mon frère après dix années d’absence. Je ne voulais pas le perdre encore une fois !
Puis une pensée vicieuse se fraya un chemin dans mon esprit. Si Andy allait héberger un nouveau démon, pourquoi ce démon ne serait-il pas Lugh ? Mon cœur s’emballa. Andy avait toujours voulu être un héros et moi jamais. Voilà qui était parfait ! Je me débarrasserais de Lugh et retrouverais ma vie normale. Et Andy serait le héros qui sauverait le monde.
Avant de me laisser emporter par cette idée, je remarquai la peau livide de mon frère et la terreur dans son regard et compris aussitôt que mon faible espoir venait de mourir dans l’œuf.
Toujours pâle, les mains agrippées aux bras du fauteuil, Andy secouait la tête.
— Il n’y aura pas de prochaine fois, déclara-t-il, la voix légèrement tremblante. Une fois m’a suffi.
Ma mère porta la main à la poitrine l’air choqué et mon père resta momentanément sans voix. Il se remit très rapidement.
— Ce n’était pas délicat de ma part, dit mon père, et je ravalai un éclat de rire. Je suis désolé, mon fils. Tu dois avant tout reprendre des forces. Nous aurons l’occasion de reparler de ton avenir.
Une fois encore, mon frère secoua la tête.
— On peut en parler mais je vous le dis maintenant, je ne compte pas redevenir l’hôte d’un démon. Je sais que vous pensez que j’ai été traumatisé et que je changerai d’avis une fois que je me sentirai mieux, mais n’espérez rien.
Mon père semblait avoir autre chose à ajouter, mais ma mère fut plus rapide que lui. Se penchant en avant, elle posa la main sur l’épaule d’Andy.
— Bien sûr que non, mon chéri, dit-elle. Tu sais que nous te soutiendrons à cent pour cent, quel que soit ton choix.
Je dus retenir un rire encore plus amer. Et aussi horrible cela puisse être, je ne pus m’empêcher d’être jalouse. Bien sûr qu’ils le soutiendraient quel que soit son choix. Il n’y avait que moi qu’on laissait à sécher dehors si je ne faisais pas exactement ce qu’ils attendaient de moi.
Mais, étant donné ce que je savais concernant mes origines, est-ce que je pouvais vraiment leur en vouloir ?
J’eus intérieurement un sourire amer. Un peu que je pouvais leur en vouloir. C’est ce que je faisais depuis que j’étais née. Pourquoi arrêterais-je maintenant ?